Le Laos est situé dans un espace convoité mais c'est de celui-ci que le pays doit tirer sa force. Le Laos demeure un pays au régime de parti politique unique et l'opposition n'y est guère tolérée. Cependant l'initiative privée et le capitalisme sont désormais le credo d'un pouvoir qui n'a plus de communiste qu'une certaine façon de gouverner. Il est bon de reconnaître que le Laos connaît actuellement une période de stabilité et de prospérité sans précédent dans son histoire moderne. D'énormes lacunes subsistent, cependant le Laos veut éviter la précipitation des échanges économiques avec ses partenaires commerciaux. Avec sa position stratégique idéale au coeur de l'Asie du sud-est, si le Laos prend soin de ne provoquer aucun de ses puissants voisins, il aura encore un bel avenir, pour peu qu'il sache continuer à exploiter sa situation à la croisée des chemins économiques et du progrès parmi toutes les puissances de l'Asie du sud-est continentale.

L'Autorité Nationale du Tourisme Lao a une préférence pour le développement d'un tourisme de "club réservé" à un public riche. En effet, le gouvernement estime qu'une politique d'entrées individuelles illimitées aurait pour résultat une pollution "culturelle". Les autorités pensent que le pays bénéficiera d'un plus grand profit économique d'un tourisme restreint et organisé.

La population lao déclarerait à quasi unanimité préférer un tourisme libre aux groupes des tour-opérateurs, depuis l'abolition en 1994 du système de contrôle et de laissez-passer obligatoires pour passer d'une province à une autre. Il est vrai que le tourisme libre rapporterait davantage au paysan ou au commerçant que les groupes organisés qui défilent et dont l'hébergement, les repas et le transport sont déjà réglés et inclus dans les prix des voyages. Si le gouvernement limite l'ouverture au tourisme des tour-opérateurs, il favorisera involontairement le tourisme à grande échelle de faible rapport puisque les touristes riches dépensent beaucoup d'argent pour exiger davantage de produits importés. D'autre part, les dirigeants laos pensent sans doute que le développement du tourisme libre risque de favoriser l'émergence d'une pensée subversive. L'enjeu pourrait donc être une question de liberté individuelle. En tout cas, il serait bon que le gouvernement lao veuille bien réfléchir au problème de compromis entre la qualité de vie et de commercialisation de la culture et du milieu naturel, après observation des choix dévastateurs des dirigeants des pays voisins thaï et vietnamien.

Les autorités se préparent à accueillir les milliers de visiteurs étrangers prêts à "consommer" les charmes du Laos, notamment à partir de cette fin d'année 1999 puisque l'opération intitulée "Visit Laos Year 1999-2000" a été lancée et le pays compte déjà recevoir près d'un million de touristes.